Circulaire aux généraux Friant, Gudin, Dessaix et Compans. Magdebourg, le 3 novembre (1811).
Les régimens étant portés maintenant à cinq bataillons, cela apporte nécessairement des changemens dans la formation des réserves et les manoeuvres des carrés.
Comme il est utile d’employer des moyens uniformes dans le corps d’armée, je vous adresse une instruction qui me paraît remplir cet objet ; je vous invite à profiter du reste de cette saison pour y exercer vos troupes et à en adresser copie à vos généraux de brigade et colonels ; j’observe d’ailleurs utile de les adopter, cela développe le coup d’oeil et l’intelligence des officiers.
L’expérience a prouvé la nécessité de placer des réserves dans l’intérieur des carrés, mais l’organisation des bataillons en 6 compagnies formant trois divisions ne laissant aucun peloton disponible pour cet objet, il en résulte de l’incertitude sur le nombre et le choix de la troupe qui doit former la réserve d’un carré, et sur la manière de la placer dans l’intérieur.
S. E. Monseigneur le Maréchal Prince d’Eckmühl a supplée au silence des réglemens à cet égard, par les dispositions suivantes.
Les réserve ne doit être que du douzième au plus, de la troupe qui se forme en carré.
Formation d’un bataillon en carré.
Le bataillon étant en colonne par division à distance de pelotons, le chef de bataillon commandera :
1° Garde à vous – pour former le carré.
2° Formez le carré, par pelotons de droite et de gauche – en bataille.
3° Marche.
Au premier commandement, les adjudans réctifieront l’allignement des guides de droite et de gauche de chaque division.
Au commandement de marche, la première division ne bouge, si la colonne est arrêtée, et fait halte si la colonne est en marche. La 2e division se portera 4 pas en avant ; le peloton de droite fera ¼ de conversion à droite à l’exception des 4 premières files de gauche, qui s’arrêteront au moment où le peloton commencera à converser ; le peloton de gauche fera ¼ de conversion à gauche à l’exception des 4 premières files de droite, qui s’arrêteront également au moment où le peloton commencera à converser.
Le lieutenant du premier peloton et un sergent, le sergent-major et le fourrier du 2e peloton se porteront rapidement, savoir :
Le lieutenant à la tête et les sous-officiers en serre-file, de ces huit files qui formeront ainsi le peloton de réserve du carré d’un bataillon.
La 3e division serrera en masse sur la 2e et fera demi-tour à droite.
La colonne étant serrée par divisions à distance de pelotons, on fera les mêmes commandemens que ci-dessus.
Au commandement de marche, la 1re division du 2e bataillon serrera sur la 3e du premier, à distance de section. La section de droite de cette division fera ¼ de conversion à droite, la section de gauche ¼ de conversion à gauche ; les deux sections du centre de cette division ne bougeront et formeront la réserve qui sera commandée par le lieutenant de grenadiers. Le sous-lieutenant de la 1ère compagnie restera en serre-file ainsi que les sous-officiers.
La 2e division suivra le mouvement de la première pour le conserver à distance de peloton.
La 3e division serrera en masse et ferra demi-tour à droite.
La colonne étant par divisions à distance de pelotons et les commandemens préparatoires ayant été faits, au commendement de marche :
La 1re division du 3e bataillon serrera en masse sur la 3e du second et en marchant se rompra par pelotons.
La 2e division du même bataillon suivra le mouvement de la 1ère jusqu’à ce qu’elle se trouve à distance de peloton de la 3e division du 2e bataillon ; arrivée à cette distance, le 1er peloton fera ¼ de conversion à droite et le 2e peloton ¼ de conversion à gauche.
La dernière division de la colonne serrera en masse et fera demi-tour à droite.
Dans le cas où une compagnie aurait été détachée de la colonne en tirailleurs, la réserve du carré sera formée par la compagnie qui est de division avec celle détachée.
L’officier commandant la réserve d’un carré doit observer avec le plus grand sang froid et l’attention la plus soutenue les attaques de l’ennemi, le désordre que le canon peut faire dans les rangs, ainsi que celui qui proviendrait de la marche, pour se porter au secours et couvrir les points vivement attaqués ou affaiblis.
S’il arrivait que quelques cavaliers ouvrissent les rangs ou y missent du désordre, une partie de la réserve devra se porter vivement à leur rencontre et les attaquer à la bayonnette.
Le soldat qui combat un cavalier, doit porter son coup de bayonnette au nez du cheval, à moins qu’il ne se trouve à porter de le lancer dans le flanc du cavalier, car un cheval blessé au poitrail ou au flanc, tombe rarement à l’instant, et conserve encore sa vigueur quelques minutes.
Aussitôt le carré formé, le commandant de la colonne donnera un numéro à chaque face et lui désignera un commandant particulier.
La tête de la colonne aura toujours le No. 1. La face attaquée doit seule faire feu ; elle le cessera aussitôt que l’ennemi se sera retiré.
Si le commandant veut faire cesser le feu d’une face, il ordonnera au tambour-major de faire battre, savoir :
Pour la face No. 1, un coup de baguette et roulement.
Pour la face No. 2, deux coups de baguette et roulement.
Pour la face No. 3, trois coups de baguette et roulement.
Pour la face No. 4, quatre coups de baguette et roulement.
Trois ou les quatre faces faisant feu ensemble, le commandant en mesure qu’il aperçoit la retraite de l’ennemi fait cesser le feu de la face qui n’est plus attaquée, par les moyens ci-dessus, tandis que celles pour lesquelles il n’a point été fait de signal, continueront leur feu.
S’il veut faire cesser le feu des quatre faces à la fois, le tambour-major fera faire un roulement, sans être précédé d’aucun coup de baguette.
On ne doit faire contre la cavalerie que les feux de files ou de rangs. Le feu de file doit commencer à 150 pas au moins, et par la droite de chaque section pour que le feu se nourrisse, à mesure que la cavalerie s’avance.
On peut ne commencer le feu de rangs qu’à 100 pas et même plus près, les rangs ne tirant que successivement, il y en a toujours deux qui ont leurs fusils chargés.
Ce feu est très bon contre la cavalerie, quand il est fait avec sang froid et une grande habitude.
Les feux de bataillons, de demi-bataillons et de pelotons ne doivent jamais être employés contre la cavalerie, à moins que l’infanterie ne soit couverte par un abatis, un fossé, une palissade ou un obstacle suffisant pour en arrêter le choc. Dans ce cas, ces feux doivent être faits à bout portant.
S’il est besoin de faire marcher en carré, les deux faces qui forment les flancs du carré rompront par sections ou par subdivisions en arrière à droite et à gauche, et ne devront jamais marcher par le flanc.
Une troupe marchant par le flanc occupe ¼ plus de terrain qu’elle n’en occupait en bataille, puisque la hauteur d’une file est de 6 pieds, tandis que 3 hommes dans le rang n’occupent qu’une espace de 4 pieds et ½, ainsi il est évident que le carré ne pourrait faire 10 pas sans se déformer et ouvrir ses files.
Les angles des carrés étant dépouvus de feu doivent être couverts par les avant trains et les chariots qui suivront la colonne, ainsi qu’il est prescrit par l’ordonnance.
Disposer les carrés par échelons.
Les carrés doivent toujours être établis par échelons pour se flanquer mutuellement.
La ligne étant ployée par colonne d’un ou de deux bataillons chacune, d’après les règles de l’ordonnance, et les colonnes étant entre elles à distances entières, c’est à dire égales au front qu’elles occuperaient en se déployant, on commandera :
En avant par la droite (ou par la gauche) à 120 pas – formez les échelons.
Au commandement, les chefs de bataillons se conformeront à ce qui est prescrit par l’article 501 et suivants de l’ordonnance.
Si un régiment au lieu d’être en ligne, marchait en colonne au moment où il serait nécessaire qu’il se formât en plusieurs carrés par échelons :
Le colonel ayant fait prévenir les chefs de bataillons du nombre et de la composition des échelons, que le régiment doit former, indiquera au commandant du bataillon qui est en tête de la colonne, le point vers la droite ou la gauche sur lequel il devra marcher.
Le commandant du 2e échelon prendra sa distance en machant et fera halte lorsqu’il remarquera que la colonne qui le suit est arrêtée et que la sienne est à la distance qu’elle doit garder entre le premier et le troisième échelons.
Le premier échelon ne s’arrêtera qu’après que celui qui le suit aura fait halte, et qu’il aura sa distance.
Les colonnes d’échelons doivent toujours marcher par divisions à distances de pelotons.
1° En échelons à 120 pas, formez les carrés, sur le 3e bataillon (ou tout autre qui serait désigné pour ne pas bouger).
2° Marche.
Au 1er commandement, les chefs de bataillons font les commandemens préparatoires d’après le rang qu’ils tiennent dans la colonne ou la ligne, et il relativement au bataillon qui ne doit bouger.
Au 2e, les colonnes se mettent en marche et ne s’arrêtent que pour former les carrés au point qui leur est assigné.
Si un corps de 5 bataillons s’est formé en carrés par bataillons ou échelons à 120 pas, les musiciens entrant dans le carré du 2e bataillon, les tambours dans leurs bataillons respectifs, les non-combattans dans les bataillons auxquels ils sont attachés.
Les deux premières pièces seront placées aux angles du 1er bataillon, les 3e et 4e aux angles du 5e.
Les caissons dans les intervalles du 1er au 2e et du 4e au 5e bataillon, les fourgons de vivres suivront leurs bataillons et seront placés dans les intervalles. Les fourgons de bagages, d’ambulance et de l’état-major, ainsi que les chevaux de main, occuperont les intervalles du centre de la ligne, entre les 2e, 3e et 4e bataillons.
De cette manière, une ligne formée en carrés ne laissera aucun intervalle qui ne soit rempli, aucun angle qui ne soit couvert par des obstacles ou par des feux.
Ces chariots ainsi disposés seront défendus par le feu des carrés et ils doivent être rapprochés de manière à former une ligne impénétrable à la cavalerie.
Des voltigeurs ou tirailleurs seront placés en avant et en arrière de ces chariots pour les maintenir dans leurs rangs et les couvrir de leurs feux.
Si la ligne ou la colonne a été formée en trois carrés dont celui du centre, de 2 ou 3 bataillons : la 1ère pièce manœuvrera avec le carré de droite, la 2e et la 3e resteront au carré du centre, la 4e manœuvrera avec le carré de gauche, les caissons suivront leurs pièces et couvriront les angles ; ls chariots et les fourgons s’établiront dans les intervalles à droite et à gauche sur le prolongement de la diagonale du grand carré et observeront l’ordre prescrit ci-dessus (voyez planche 1); des voltigeurs ou tirailleurs seront chargés de leur défense et le vaguemestre de les maintenir en ordre.
La colonne s’étant formée par division, à distances de pelotons, à mesure qu’elle sort du défilé s’ouvre par le centre de l’étendue du front de la 1ère division, qui continue à marcher, lorsque la tête des deux colonnes est arrivée à sa hauteur, les bagages viennent se placer sur deux files dans le centre, la dernière division couvre l’intervalle de la queue des colonnes.
Des tirailleurs sont envoyés à 100 pas sur le front, les flancs et les derrières. Les compagnies de grenadiers en deux petites colonnes forment les réservers où il en est besoin.
Les canons manœuvrent et se portent où il est nécessaire pour l’intérieur de ce grand carré.
Si l’on doit rentrer dans un défilé, on laisse un ou deux bataillons et de l’artillerie pour couvrir la queu de la colonne ; le reste de l’artillerie marchera en tête derrière le bataillon d’avant garde, les bagages suivront l’infantrie, suffisamment protégés par l’arrière garde.
On renouvellera cette disposition au sortir du défilé.