Fin de la bataille

Soldats, je suis contant de vous. Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de 100 000 hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé a votre fer s’est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de 30 000 prisonniers, vent le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc, et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mots, cette troisième coalition a été vaincu et dissoute. La paix ne peut plus être éloignée; mais comme je le promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses a nos Alliés.



Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux. Mais dans le même moment nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avilir ! Et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis ! Projets téméraires et insensés que, le jour même de l’anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus ! Vous leurs avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre.



Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France; là vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire, J’étais à la Bataille d’Austerlitz, pour que l’on répondre, Voilà un brave.



Napoléon



Austerlitz, 12 frimaire an XIV (3 décembre 1805)



La situation à 15-16 heures le 2 décembre 1805